jeudi 14 avril 2016

Souvenir II : La transformation (seconde partie)

Elle devait avoir six ans, et se souvenait des matins où elle se glissait dans la chambre de sa tante.

Sagement, elle s’asseyait sur le bord du lit, en faisant attention à la paire de bas soigneusement étalée sur la couverture. Du bout des doigts, elle les effleurait, caressant cette matière étrange, à la fois douce et un peu rêche, si particulière. Sa tante s’approchait, remontait sa combinaison, dévoilant une gaine rose poudré aux larges jarretelles. Délicatement, elle posait son pied sur le bord du lit et glissait doucement l’extrémité de ses orteils dans le délicat voile. Elle ajustait la pointe renforcée plus foncée sur ses ongles vernis puis remontait le bas, alignant parfaitement la couture sur son talon, lui faisant poursuivre ainsi son chemin jusqu’à sa cuisse, devant les yeux émerveillés de la petite fille qui n'en perdait pas une miette. Sa tante répétait le même rituel sur l’autre jambe et lui demandait parfois de l’aider à accrocher les jarretelles.

La petite vivait cela comme un privilège, elle aimait bien le contact des fines attaches en caoutchouc qu’elle s’amusait à pincer entre ses doigts. Parfois, elle glissait son index dans le trou de serrure placé sur le revers du bas. Sa tante riait et lui recommandait néanmoins, de faire attention de ne pas provoquer d'accrocs dans le nylon. Puis, elle se levait vérifiant la couture en tendant sa jambe, cherchant l’approbation de sa nièce. Elle remettait ses mules en satin et s’approchait de sa penderie dans laquelle elle choisissait une jupe crayon dont elle demandait à la petite fille de lui remonter la fermeture éclair, sans coincer le tissu de la combinaison qu’elle avait pourtant pris soin de tirer méticuleusement. Elle choisissait alors, un corsage très sage qui pourtant ne pouvait cacher sa poitrine généreuse. Puis, elle glissait ses pieds dans une paire d’escarpins pas trop hauts, mais dont les bouts pointus amusaient l’enfant.

La petite à genoux sur le lit, profitait que sa tante s’assoie pour lui accrocher délicatement son collier et ainsi prête, la jeune femme lui faisait un grand sourire, l’embrassant en lui promettant qu’un jour, elle aussi, porterait des bas comme elle.

Aujourd’hui, tous ses souvenirs remontaient, elle était devant son miroir. Soigneusement, elle tirait le revers de son bas, ajustant parfaitement le nylon diaphane, pour ne pas faire le moindre pli qu’elle détestait. La jeune femme avait choisi un porte-jarretelles 6 attaches, et elle se battait avec la dernière qui passait derrière sa cuisse. Quel dommage de ne pas avoir une gentille petite-nièce pour l’aider, et elle se garderait bien de le demander à son mari et encore moins à ses deux fils. Elle aimait se regarder ainsi, ce porte-jarretelles aux formes rétros lui enveloppait bien les hanches et faisait ressortir la finesse de sa taille. C’est fou ce qu’un simple accessoire peut vous faire sentir plus belle. Elle n’osait pas porter des bas à couture comme sa tante. Pas encore, elle ne se sentait pas prête. Elle choisissait généralement des bas en voile 15 deniers couleur gazelle qu’elle affectionnait particulièrement. Elle les commandait sur internet par 3 ou 4 paires, et commençait à avoir une jolie collection dans son tiroir secret. Ceux qu’elle préférait étaient cachés tout au fond, une paire de Fully Fashioned Havana avec le talon cubain carré qu’elle se promettait de porter un jour. Pour le moment, elle les avait essayés devant son miroir, mais préférait ne pas aller plus loin.

Elle choisit une paire d’escarpins noirs élégants à brides qu’elle avait acheté, là encore sur internet, au moment des soldes, et dans lesquels elle se sentait bien. Le talon assez haut lui faisait de jolies jambes, et elle ne manquait pas d’admirer son reflet en passant devant les vitrines des magasins.

Son mari ne soupçonnait pas son doux secret, il ne pouvait connaitre la passion de sa discrète femme pour la lingerie, et jamais il n’aurait imaginé qu’elle puisse aimer porter des bas, elle toujours en pantalon et mocassins plats était bien loin de cet univers. Et pourtant….


(à suivre)



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